Atatürk est un personnage incontournable de la Turquie.
Cela m’avait déjà frappé lors de mon premier voyage en 2006,
voici quelques images pour illustrer ce sujet, même si nous en avons loupé
beaucoup, particulièrement dans les magasins.
Faisant l’objet d’un véritable culte de la personnalité,
Atatürk est partout : dans les magasins, dans la rue, dans les
administrations et bâtiments publics, chez les particuliers ou leur voiture.
Partout !
Ce n’est pas un hasard et même si le personnage est controversé
aujourd’hui, son apport à la Turquie moderne est indéniable voire primordial.
Mustafa Kemal est né en 1881 et sort de l’académie militaire
en 1904.
Très vite, il participe aux opérations militaires aux cotés
de Jeunes Turcs, mouvement libéral, qui feront plier le Sultan Abdül-Hamit II
en le contraignant à restaurer la Constitution de 1876. Pendant la première
guerre mondiale, alors que la Turquie s’affiche aux côtés de l’Allemagne
(souvenez vous, les Dardanelles, face aux Français et aux Anglais), Kemal
s’illustre dans de nombreuses batailles et est nommé Paşa, c'est-à-dire général
en 1916.
Petit à petit, à partir de 1919, il rassemble et prend la
tête des opposants au gouvernement d’Istanbul. Il veut rétablir l’indépendance
et la grandeur de la Turquie, remodèle le pays, procède aux échanges de
populations turques en Grèce avec les populations grecques de Turquie (traité
de Lausanne en 1920).
Le sultan est déposé en 1922, c’en est fini de l’ère
Ottomane.
Le 29 Octobre 1923 la république Turque est créée et Mustafa
Kemal en devient son premier président.
L’œuvre de Kemal est colossale : de 1923 à sa mort en
1938, il va entreprendre une série de réformes qui ont modelé la Turquie
d’aujourd’hui :
Dans un premier temps des mesures révolutionnaires sont
votées, concernant l’état, la loi, l’éducation ainsi que la religion : l’islam
n’est plus une religion d’état mais sera instrumentalisée au service de l’état.
Suite à des révoltes ethniques et religieuses, certaines confréries sont
abolies, le port du fez, du turban et autres vêtements religieux sont interdit
et le dimanche devient le jour chômé en lieu et place du vendredi.
Il prend Ankara comme capitale, revalorisant l’Anatolie
comme centre de la Turquie.
En 1926 la Turquie adopte le code civil suisse (abolition de
la polygamie par ex mais aussi droit de vote aux femmes) et le code pénal
italien, le calendrier grégorien et les chiffres eoccidentaux.
En 1928, ce sera le tour de l’alphabet latin, remplaçant
l’alphabet arabe. La langue est simplifiée, se rapprochant du turc populaire,
celui des élites étant devenu au fil des ans, incompréhensible au commun des
mortels.
En 1933, il fonde une université de type occidental.
C’est aussi Mustafa Kemal qui imposera aux Turcs en 1934 de
prendre un patronyme. C’est à ce moment qu’il prendra lui-même le nom
d’Atatürk, qui veut dire père des Turcs. On comprend alors pourquoi de nombreux
noms propres turcs correspondent à des métiers, voir même en ajoutant le
suffixe oğlu (fils de) : Sekerçioğlu : « le fils du
confiseur », le cinéaste Ustaoğlu : « le fils du maître »
etc etc…
Evidemment, toutes ces réformes, parfois brutales, si elles
ont modernisé la Turquie, n’ont pas
forcément été acceptées facilement par la population. Le Kémalisme a connu ses
heures de gloire jusqu’en 1950 et décline doucement depuis, même si certains -appelés
kémalistes donc- défendent encore son action. Il existe même un dessert en son
honneur, un petit gâteau rond imbibé de sirop de miel: le Kemal Paşa.
Enfin, toujours est-il que, encore aujourd’hui Atatürk est
partout. Aéroport, ponts, batiments. Il n’est pas une ville sans sa rue et sa
statue Atatürk. Partout vous dis-je !